TERRA TRIBUTA

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Tout au long de notre voyage sur deux roues, nos sens étaient aux aguets. Voir, lire, écouter, sentir, goûter, vivre le Brésil dans le but de mieux le comprendre. Pour déchiffrer Brasília, rien de tel qu’une entrevue avec l’historien Thiago Perpetuo de l’Institut national du patrimoine artistique et historique. Pouvez-vous nous parler de votre travail ? « La mission de l’IPHAN est de sauvegarder notre mémoire. […] Nous réalisons une cartographie générale de tous les aspects et de tous les évènements culturels du pays. Par nos actions, ce patrimoine peut grandir et exister pour les générations futures. »
La création de Brasília a été une véritable épopée. Des dizaines de milliers d’humbles travailleurs, dont le grand-père de Thiago, ont œuvré jour et nuit pour sortir de terre en 1960 une nouvelle capitale en moins de 1000 jours. « Le Brésil désirait devenir un pays moderne, avec la claire intention d’accéder au concert des grandes Nations », précise Thiago. Vu du ciel, le plan directeur (plano piloto), élaboré par l’urbaniste Lúcio Costa, a la forme d’un avion. Ainsi, la cabine de pilotage regroupe les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). La capitale est organisée selon les activités urbaines sous des noms évocateurs tels que le Setor Bancário Norte, Setor de Hotéis de Turismo Norte, etc. Les fameux superquadras sont des zones résidentielles sur pilotis de béton.
Élaboré initialement pour 500 000 âmes, le District fédéral compte de nos jours plus de trois millions d’habitants. Thiago, quels sont les principaux défis ici ? « Brasília est une ville vivante qui ne peut pas être figée dans le temps. Par contre, comme sa valeur universelle exceptionnelle est sous l’égide du patrimoine mondial de l’Unesco, ses caractéristiques fondamentales ne peuvent pas être altérées. […] Dans cette ville, la voiture est reine, la demande de stationnement augmente sans cesse, tout comme la congestion. Le transport public doit s’améliorer. Une solution émane de la mobilité saine. Par contre, même les supports à vélo peuvent nuire à l’authenticité de cette création unique. Tout changement dans cet environnement est donc un jeu d’échecs », raconte ce titulaire d’une maîtrise en Preservação do Patrimônio Cultural.
Parmi les autres défis, citons la spéculation immobilière, la pauvreté et les inégalités sociales. Dans ces conditions, Thiago, que devient aujourd’hui, la capitale de l’espoir ? « Nous vivons des temps difficiles et intenses. Une grande division politique règne, des manifestations surgissent dans les plus grandes villes. L’espoir et la perspective d’un Brésil plus égalitaire demeurent malgré tout dans ce pays où l’histoire est très récente », avoue le natif de Brasília. Ici, c’est la capitale de tous les Brésiliens. Pourtant, quand je regarde cette image (ci-dessous) prise du haut de la tour de la télévision (au milieu de Eixo monumental), je ne peux pas m’empêcher de penser à ces deux mondes.
En conclusion, des actions concrètes pourraient venir du Palácio do Planalto, le siège officiel du président de la République fédérative. Mais aussi, du Sénat séjournant sous le dôme concave (à gauche sur la première photo), symbole de réflexion et d’équilibre. Ou encore de la Chambre des députés sous le dôme convexe représentant l’ouverture vers le peuple. Quel que soit ce vent de changement, le District fédéral peut devenir plus humain, durable et abordable. Dans cette partie d’échecs, qu’en pensent le roi et sa cour ?
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