TERRA TRIBUTA

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Ma chère Montréal,
Je ne t’ai pas aimé aux premiers regards, bien au contraire…
Mes premières escapades ont perturbé le jeune homme de 21 ans qui sortait, disons-le, de sa campagne tranquille. Mon premier logement non plus n’avait rien d’attrayant. Une chance que mes études en photographie m’aient plu dès le début. Au fil des mois, j’ai fini par t’apprécier et même t’aimer à tel point que j’ai décidé de te dédier mon premier livre de photographies et d’entrevues.
Dans l’ouvrage « Français de Montréal » le journaliste Éric Clément et moi avons voulu te rendre hommage en présentant des histoires d’amours de personnalités variées telles que Frédéric Back, Clairette, Jérôme Ferrer, Paul Buissonneau, Chantal Jolis, etc. Encore aujourd’hui, leurs témoignages me semblent appropriés.
Pour mieux te connaître, j’ai d’abord suivi les chemins tous tracés par les transports en commun. Et puis, j’ai décidé d’explorer tes moindres recoins à pieds et surtout à vélo. À toute heure du jour et de la nuit, nous étions ensemble ma chère Montréal. Semaine après semaine, je cultivais mon sentiment d’appartenance au gré des rencontres et des nouvelles expériences de vie. C’est vrai, « on choisit les endroits pas seulement pour les lieux, mais aussi pour les gens qui les visitent. », disait Minou Petrowski.
Dès mon arrivée ici, j’ai été surpris par cet arc-en-ciel humain dessiné par tes habitants. Et j’ai pu constater que cette incroyable diversité transforme tes activités culturelles, tes festivals, ton architecture, tes ambiances et même tes odeurs. Ma chère Montréal, tu es une fenêtre sur le monde. Et comme l’explique Frédéric Back, « c’est drôle d’entendre les jeunes parler leur langue, le vietnamien, le créole ou l’indien puis parler québécois et aussi l’anglais. Ce sont souvent de tout jeunes enfants et ils savent déjà trois langues ! »
Et que dire des saisons ?
Avec toi, ma chère Montréal, j’ai eu frette en titi (vraiment froid) autant que j’ai sué et pas à peu près ! Au fil des années, j’ai appris à m’adapter et à apprécier ces changements de températures, de couleurs et de lumières. Après tout comme le précise Nicolas Peyrac, le Canada, « c’est quand même le pays des extrêmes, avec 80 degrés de différence entre l’hiver et l’été. » Certes, le printemps arrive toujours, mais comme le rappelle Jean Gounelle, « tu ne sais jamais si l’hiver est fini ou pas. Il commence à faire beau, tu repasses au-dessus de 10 degrés et paf, une tempête de neige à la mi-avril ! »
Au gré des saisons, je poursuivais mes rêves beau temps mauvais temps. Je franchissais même des étapes importantes et le jeune étudiant devenait travailleur étranger, puis résident permanent et enfin citoyen. À la question identitaire « qui suis-je ? », je pourrais répondre ces mots de Nicolas Peyrac. « Je suis Français, je suis Canadien. J’ai les deux nationalités. Je me sens citoyen de Montréal et en même temps citoyen du monde. » Cet état d’esprit se reflète bien sûr dans mon travail puisqu’avec toi, ma chère Montréal, je porte plusieurs chapeaux, emballeur dans une épicerie, photographe et même assistant comptable. Et en devenant travailleur autonome, j’ai pu comprendre les mots de Françoise Saliou, « tout est possible. Tu t’installes. Tu prends ta raison sociale. Tu développes ton business. ». Sur ce chemin parsemé de défis, je me sentais libre et en plein contrôle de ma vie.
Pendant plusieurs années, je suis resté avec toi, ma chère Montréal.
Et puis un jour, je t’ai quitté « pour de bon » lorsque j’ai déménagé dans la région de Charlevoix avec mon amoureuse Vanessa. Même si notre famille t’a rendu visite à plusieurs reprises déjà, je souhaite que nos fils Léo et Lucas apprennent à mieux te connaître. Certes aujourd’hui, tu as encore bien de défis à relever, mais j’ai envie de croire que tu t’embellis avec l’âge.
Alors, quand te reverrais-je ma chère Montréal ?
Je l’ignore, mais saches que tu seras toujours dans mon cœur la ville de mes premières fois : mes premiers pas en Amérique du Nord, mon premier livre, ma première exposition, ma première entrevue à la télévision, la préparation de mon premier voyage à vélo, là où j’ai vécu mon premier vrai échec et mon premier plan B…
Merci ma chère Montréal, grâce à toi, j’ai grandi.
« Là où on m’a fait renaître, j’appartiens. » Jérôme Ferrer
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