Regina Tchelly, chef cuistot durable

Qu’ont en commun l’ancienne présidente de la République Dilma Rousseff, l’acteur Harrison Ford et des patients de l’hôpital général à Nova Iguaçu au Brésil ? Ces personnes ont toutes dégusté un ou plusieurs plats de la chef Regina Tchelly. Depuis 2011, c’est même plusieurs dizaines de milliers de femmes au pays qui ont bénéficié de ses formations. Sans parler des nombreuses entrevues données à la télévision partout au Brésil. Pourquoi un tel engouement envers cette femme d’action ?

La réponse est facile, cette femme a une passion pour l’alimentation biologique et le cercle des aliments en harmonie avec la vie. Le concept est simple : on cuisine avec tout, des feuilles aux racines et même les pelures des légumes. Le résultat est étonnant. Il y a moins de déchets et la nourriture est saine. C’est en 2011 que cette aide ménagère a lancé le projet Favela Orgânica avec l’aide de trois amies. Son budget initial était de 140 réais, environ 70 $.

Son objectif est aussi de faire des jardins dans son quartier pauvre de la favéla de Babilônia à Rio de Janeiro. « Seuls critères de sélection, vouloir un jardin et s’en occuper par la suite. J’arrive avec tout le reste. », nous expliquait alors Regina. Aujourd’hui, cette chef cuistot durable offre, chaque mois, dix ateliers en groupe et présente en moyenne une dizaine de conférences.

Grâce à la créativité et à ces expériences, les femmes comme les hommes découvrent ainsi des goûts inusités. Cette expérimentation transforme littéralement nos habitudes et notre relation avec les légumes. Je précise que l’ensemble des plats mijotés ici ne comporte aucune viande. Voici quelques exemples de ces créations étonnantes pour nos papilles : pain aux betteraves et à l’hibiscus, pain à la pelure de citrouille avec des piments, ceviche de navet et quiche aux tiges de brocolis. Personnellement, j’adore le pain aux pelures de bananes, une recette que Vanessa concocte chez nous depuis.

Pour son dernier guide alimentaire, le Brésil a reçu des éloges à travers le monde, dont Stéphanie Bérubé, journaliste à La Presse : « Que dit donc cet ouvrage révolutionnaire ? Cuisinez plus, donc consommez moins d’aliments transformés, ce qui, inévitablement, réduit l’apport en sel, en sucre, probablement en gras, et mangez des repas avec votre famille ou vos amis. Surtout pas devant la télévision. » Au Brésil comme au Québec, le taux d’obésité chez les jeunes est alarmant. Est-ce que nos sociétés ont la capacité de suivre ces conseils simples et éclairés ? Je pense que oui, sans hésiter. Les habitants le veulent-ils ? Je n’en suis pas certain. La réponse se trouve peut-être dans la sensibilisation et l’éducation.

« Que ton aliment soit ta seule médecine ! »
Hippocrate (460-377 av-JC) père de la médecine moderne.